En début d’année, le Simotherm – syndicat international des industries et du commerce du moteur thermique et de ses applications – que vous présidiez déjà, est devenu le Symmad. Pourquoi ce changement de nom ?
Le Simotherm existe depuis 1945. Dans un contexte d’urgence climatique, où les moteurs industriels jouent un rôle central dans la décarbonation de l’économie, il était nécessaire de le faire évoluer. D’autant que l’offre de motorisations alternatives se développe chez nos adhérents historiques : versions électriques à batterie, pile à combustible, moteur thermique à hydrogène et biocarburants. En parallèle, les attentes sociétales évoluent, tout comme les réglementations environnementales, toujours plus exigeantes et nombreuses.
Quelles solutions ont été apportées à votre organisation ?
Nous avons décidé de lui donner de nouvelles ambitions, de l’ouvrir à de nouveaux adhérents. Cette mutation se traduit par des statuts inédits. Le syndicat est désormais formé des entités de l’Industrie et du commerce qui proposent des solutions d’ingénierie, de motorisation, des solutions énergétiques et des services visant à accompagner la décarbonation des industries. Nous avons aussi souhaité créer des cercles de discussion permettant d’échanger sur de nouvelles solutions alternatives, avec des professionnels ne faisant pas partie du scope du Symmad. Cela s’est récemment produit pour le rétrofit, une solution qui trouve sa pertinence lorsqu’elle est opérée sur des modèles de matériels de grande série, sur d’importants volumes.
« Aucune technologie miracle ne conduira les moteurs industriels à la neutralité carbone. Il faut des solutions pour s’adapter à chaque situation. »
Comment le Symmad aborde-t-il le cas particulier des engins de chantier ?
Le Symmad va travailler avec l’Ademe à l’élaboration d’une étude sur les matériels off-road dans le but d’explorer les meilleures voies de décarbonation. Nous avons l’ambition d’être un acteur majeur de la transition énergétique, en concentrant les demandes et besoins de ce type de machines, et de promouvoir les technologies les plus adaptées en fédérant tous les acteurs de la filière d’exploitation des énergies. Car, compte tenu de la spécificité des contraintes d’utilisation des moteurs industriels, il n’existe pas une technologie de motorisation unique, à l’image de l’électrique ou de l’hydrogène, mais un mix de solutions adaptées à chaque usage.
Comment les industriels se préparent-ils à l’intégration de nouvelles énergies ?
Technologiquement, les industriels sont prêts. Mais l’enjeu, aujourd’hui, est de savoir quelle solution mettre en œuvre selon l’application. Sur ce sujet, le Symmad entend déjà rappeler les performances des moteurs existants et, à partir de là, expliquer quelles orientations privilégier selon les technologies de moteur. Par ailleurs, il reste encore à résoudre les problématiques d’infrastructure, de distribution et de production. Comment imaginer produire de l’hydrogène vert à plus grande échelle sans un écosystème propice à son déploiement ? La force du Symmad résidera justement dans sa capacité à réunir autour de la table à la fois des motoristes, des équipementiers et des spécialistes de l’infrastructure pour faire évoluer les environnements de travail.
Reste l’immense parc existant de moteurs thermiques. Comment le gérer ?
Les faire passer aux biocarburants est l’une des options rapides possibles. Le rétrofit en constitue une autre pour certaines applications, mais le cadre réglementaire n’existe pas encore pour permettre son efficacité. L’amélioration de la productivité des matériels est aussi une autre voie de décarbonation, tout comme la mise en place de dispositifs d’accompagnement à l’investissement favorisant le remplacement des motorisations les plus anciennes par des solutions alternatives. Mais ne nous berçons pas d’illusions. Ces nouvelles motorisations auront un coût non négligeable pour tout le monde, et il sera nécessaire d’accompagner les utilisateurs et les consommateurs pour accélérer la transition énergétique. Aucune solution ni technologie miracle ne conduira
les moteurs industriels, indispensables, à la neutralité carbone. C’est un ensemble de solutions qui sera nécessaire pour s’adapter à chaque situation.
Extrait d'une interview à retrouver dans son intégralité dans le Moniteur Matériels n°6248.
Charlotte Divet