Lorsqu'ils seront tous en fonctionnement, aux alentours de 2020, chaque tunnelier du Grand Paris Express (GPE) produira quotidiennement entre 2000 et 3000 tonnes de déblais. Leur évacuation via des filières de traitement ou de stockage nécessitera une soixantaine de camions par tunnelier et par jour ! "Sans parler des gares et des ouvrages annexes, dont le creusement générera aussi des matériaux à évacuer", rappelle Fabien Boudrières, chef de projet gestion des matériaux excavés du pôle environnement d'Arcadis.
La gestion des 45 millions de tonnes de déblais qui devraient être produits entre 2016 et 2028, et dont la majorité a le statut juridique de déchets, relève de la responsabilité du maître d'ouvrage. La Société du Grand Paris (SGP) doit donc disposer d'une traçabilité totale sur les terres excavées, soit plus de 1,5 million de bordereaux de transport en papier à traiter. Devant l'ampleur de la tâche, la SGP a opté pour une alternative numérique dès 2015.
Artemis, le groupement mené par Arcadis, Artelia et BG Ingénieurs Conseils, a donc mis en place la plate-forme web baptisée TrEx. "En général, les bordereaux voyagent avec les chauffeurs dans les camions et environ 10% des données sont perdues", poursuit Fabien Boudrières. L'objectif avec cet outil numérique est non seulement de conserver l'intégralité des informations, mais aussi d'homogénéiser leur saisie et d'en disposer en temps réel.
Près de 200 comptes utilisateurs
TrEx s'adresse aux producteurs de déchets, aux transporteurs et aux exploitants des sites de stockage. Chaque bordereau numérique contient une quarantaine de champs à renseigner, dont la qualité des terres excavées, l'immatriculation du transporteur, l'origine et la destination des terres, etc.
Mise à disposition depuis janvier 2017, la plate-forme compte aujourd'hui près de 200 utilisateurs. Elle donne accès aux données relatives à 1 million de tonnes de terres excavées en 2017 et, déjà, à 2,2 millions de tonnes à mi-année 2018. "A terme, elle devrait totaliser un millier d'utilisateurs", estime le chef de projet d'Arcadis. Son usage a été rendu obligatoire et il est imposé par la SGP dans tous ses contrats de génie civil.
Julie Nicolas