C'est l’une des dernières grandes barres de HLM telles qu’en ont produit les aménageurs des années de reconstruction et d’accueil des populations issues du baby-boom dans de nombreuses villes en France. La « Muraille de Chine », grand ensemble érigé sur le plateau
du quartier Saint-Jacques à Clermont-Ferrand et livré en 1961, fait aujourd’hui l’objet d’un nouveau record : c’est le plus grand chantier de déconstruction en Europe. Longue de 320 m, haute de 30 m (8 étages), constituée d’une juxtaposition de 14 immeubles, dits « allées », rassemblant 354 logements, cette construction est en cours de démolition et laissera place à un parc urbain complété de 150 logements neufs.
Pour mener à bien cet imposant chantier, Demcy a rassemblé les moyens adaptés et y emploie une pelle Liebherr 974, présente dans son parc de matériels depuis une dizaine d’années. D’un poids de 110 t, dotée d’un moteur d’une puissance de 400 kW et munie d’un bras d’une longueur de 38 m, elle est équipée d’une cisaille à béton Atlas Copco cc1700. Cet outil de 2 t présente une ouverture et une profondeur de mâchoire d’environ 65 cm. Capable d’une force de broyage de plus de 2 000 kN en son centre, elle découpe les dalles, poteaux et parois du haut en bas des huit niveaux. Au total, Demcy prévoit de traiter environ 35 000 t de gravats de structure.
Des pelles et une bruine fine
Pour préparer et stabiliser sa zone d’évolution, l’entreprise met à disposition une deuxième pelle, une Liebherr 938 de 45 t. À l’avancement, cette machine purge le niveau de sous-sol pour éviter tout basculement de la 974. La 938 est dotée d’un bras de taille classique et est munie d’un système d’attache rapide automatique OQ 80 d’OilQuick pour permettre au conducteur de passer du godet à la cisaille en quelques instants. Deux autres pelles, dont une Volvo 250 de 30 t, elle aussi dotée d’une attache rapide, sont principalement utilisées avec une pince de tri Arden Equipment pour réaliser un premier tri des bétons. Lors des opérations, le chantier est constamment traité pour abattre les poussières. Les pelles sont équipées d’un brumisateur orienté sur leur zone de travail ; des brumisateurs sont aussi placés au sol pour éviter l’envol de poussières depuis les stocks de gravats.
Reprise d’un tiers des matériaux sur le site
Au pied de l’immeuble, les déchets de béton sont triés sur une plateforme pour être recalibrés dans une dimension maximale de 50 cm (0-500). Ensuite, Demcy exploite des semi-remorques avec bennes à enrochement (4 à 8 selon les besoins) pour expédier ces matériaux sur la plateforme de traitement de déchets de chantiers Auvergne Recyclage, gérée par Eiffage, située à une vingtaine de kilomètres. Là, broyeur MBI MP30 et cisaille Arden Equipment réduisent ce gisement en granulats de 0-100, 0-80 et 0-31,5 mm.
Pour optimiser le chantier, les camions reviennent de la plateforme de déchets chargés des matériaux réduits et prêts à combler le sous-sol de l’ancienne construction. Au total, 12 000 t des gravats devraient servir à profiler le relief du futur parc urbain. Le reste est destiné aux aménagements routiers traditionnels.
Le marché, lancé par le bailleur social Assemblia en 2016, a été attribué à une équipe de maîtrise d’œuvre composée d’Ingérop, mandataire, avec Antea Group et Safège. À eux est revenue la tâche de planifier la déconstruction complexe de cet ensemble. Le marché de démolition obtenu par le groupement d’entreprise Demcy (filiale d’Eiffage, qui est mandataire), avec les spécialistes de désamiantage Snadec et Mazet, a commencé en 2021 par une déconstruction (fenêtres, cloisons, placards…) et la dépollution des éléments intérieurs (les revêtements de sol). La démolition de l’enveloppe de béton se poursuit depuis le 6 avril dernier et avance à la cadence d’une « allée » par semaine ; soit un total de 14 semaines. À noter que le grignotage a commencé à un bout de la barre avant que les derniers résidents, à l’autre extrémité, aient déménagé. Tout doit être abattu mi-juillet. Le coût du chantier est de l’ordre de 10 M€ ; pour Assemblia, qui y rajoute le coût du relogement, il s’élève à près de 15 M€.
Article extrait du Moniteur Matériels n°6253.