Le compte à rebours a commencé le 5 juillet 2016, quand le Parlement européen a approuvé à une écrasante majorité le texte portant sur les « Limites d'émissions et réception par type pour les moteurs à combustion interne destinés aux engins mobiles non routiers ». Ce texte avait préalablement été approuvé par la Commission le 15 septembre 2015. Il instaure de nouvelles limites pour les émissions polluantes des moteurs d’engins de chantier et entrera en vigueur en 2019 ou 2020 selon les puissances concernées. L’Europe aura alors « les machines les plus propres au monde » se félicite le CECE, le syndicat européen des fabricants de machines, qui a suivi le dossier de près.
Cette Etape 5 des réductions légales des émissions de particules fines et d’oxydes d’azote introduit de nouveaux seuils, plus bas que ceux actuellement en vigueur. Surtout, les limitations se seront plus uniquement exprimées en poids (gr/kW/h) mais également en nombres (nb/kW/h) pour ne plus se contenter d’éliminer les particules lourdes, mais aussi les plus fines qui sont les plus dangereuses. Rien d’insurmontable pour les fabricants de moteurs, à condition de généraliser le filtre à particules qui, dans l’état actuel de la technique, « sera indispensable pour franchir les nouveaux seuils, » affirme une source proche du dossier. La difficulté portera sur les tout petits moteurs, jusque-là épargnés par la réglementation européenne, qui vont maintenant être concernés par la réduction des émissions polluantes et risquent de se retrouver avec un filtre plus gros qu’eux !
Les fabricants de machines ont obtenu deux concessions. D’une part il leur est accordé un répit de 24 mois pour concevoir, fabriquer et commercialiser des machines intégrant les nouveaux moteurs. Les dates d’entrées en vigueur en 2019 et 2020 peuvent donc se traduire par des machines disponibles en 2021 et 2022 derniers délais ! D’autre part les fabricants gardent le droit de commercialiser des moteurs d’ancienne génération pour remplacer ceux des machines âgées de 20 ans ou moins. « Malgré tout, la nouvelle réglementation fixe un compte à rebours ambitieux. Cela reste un défi de redessiner les centaines de machines dans les délais impartis, mais les fabricants de machines sont confiants et capables de faire ces ajustements nécessaires pour contribuer à améliorer la qualité de l’air en Europe » commente Sigrid de Vries, Secrétaire générale du CECE.
Reste un point noir : cette Etape 5 est, pour l’heure, une réglementation purement européenne. « Nous n’avons pas reçu de signes évidents ni de la part des Américains, ni des Japonais » s’inquiète un négociateur. Si ces pays décident de ne pas suivre l’Europe (mettons pour l’instant de cas de la Grande-Bretagne à part…) alors le marché mondial des engins de chantier va se découper en de multiples zones imperméables les unes aux autres, ce qui va compliquer la tâches des fabricants de matériels comme celle des vendeurs de machines d’occasion.
Gilles rambaud