Des maçons aux paysagistes en passant par les terrassiers, les canalisateurs ou, encore, les agriculteurs… l’utilisation des minipelles de 2,5 à 3 t satisfait aux exigences de nombreux professionnels, au-delà même du seul secteur de la construction. Puissantes, compactes et compatibles avec tous les outils proposés sur le marché, elles sont identifiées comme les machines polyvalentes par excellence. D'où leur succès historique qui se confirme cette année encore. 2021 n'atteindra pas les niveaux records de l'avant crise sanitaire, avec 4 610 modèles vendus pour la seule année 2019 sur ce segment.
Pour autant, au premier semestre 2021, il s'en est écoulé 2 400, soit une hausse de 8,4 % sur un an, selon l'organisation professionnelle Evolis. Une belle proportion pour un marché de la minipelle évalué à 6 470 unités sur les six premiers mois de l'année. Pas de doute, le créneau conserve toute son attractivité et reste promis à un bel avenir. Mais, dans l'immédiat, il lui faut faire face à un défi de taille : la pénurie de matières premières et de composants. Un phénomène qui n'est pas seulement lié à l'arrêt des outils de productions, en 2020, au plus fort de la crise, et à ses conséquences sur la chaîne d'approvisionnement. Rappelons, en effet, que l’hiver dernier, une vague de froid a impacté la production de plastique au Texas, entraînant des coupures d’électricité dans de nombreux sites pétrochimiques. S’en est suivi, en mars, l’incendie de l’usine de semi-conducteurs de Renesas Electronics, à Naka, au Japon, puis d’autres problèmes de livraison après le blocage du canal de Suez par un porte-conteneurs échoué.
C'est cette accumulation de facteurs qui freine aujourd'hui la fabrication des matériels. Les stocks, même importants, de certains constructeurs, tels que Kubota, sont en train de se tarir. Le constat est là. Partout, les délais de livraison varient entre six mois et un an, y compris pour les prises de commandes déjà enregistrées. Une tension qui ne permet pas d'envisager un retour à la normale avant mi-2022 et laisse craindre un tassement des volumes dans les mois à venir.
Un crève-cœur, car, au regard de la demande observée, nombre de constructeurs anticipaient des ventes potentiellement supérieures à 2019 ! Cette analyse ne surprendra pas les aficionados qui louent la polyvalence et la facilité de transport de la minipelle : deux atouts déterminants en plein boom des chantiers urbains. En effet, selon les réglementations de transport routier, lorsque le poids total autorisé en charge (PTAC) en incluant celui de la pelle ne dépasse pas les 3,5 t, il est alors possible de tracter la remorque avec un véhicule léger. Une législation qui a contraint les constructeurs à s’adapter, mais sans pour autant affecter les performances de leurs modèles.
Un produit phare
En observant les dernières évolutions des produits, il apparaît que les industriels cherchent tous à rendre leurs machines de moins de 3 t encore plus techniques et productives. Les modèles récents intègrent, notamment, des moteurs nettement plus puissants et conformes aux normes Stage V. C’est le cas, par exemple, de la TB325R qui, par rapport au modèle précédent offrant 13,9 kW à 2 300 tr/min, abrite un moteur de 16,5 kW à 2 200 tr/min.
De même, les minipelles sont davantage dotées de technologies visant à optimiser leur utilisation : système de tension automatique des chenilles (ATTS) ou commande de circuit auxiliaire commutable pour changer d’outil plus facilement. Géolocalisation, diagnostic embarqué et maintenance proactive : la télématique agrémente petit à petit et presque naturellement, l'utilisation de ces compactes. Ce qui ne manque d'intéresser les loueurs, qui représentent une part significative des ventes de minipelles (entre 65 et 70 % des facturations). Pour prévoir les plans de maintenance, cette technologie apporte également un gros coup de pouce aux concessionnaires.
Autre avantage de cette nouvelle génération de minipelles : le confort. Les fabricants améliorent tous les uns après les autres leur cabine en veillant à accroître l’espace du poste de conduite, mais aussi la visibilité. Des évolutions techniques qui démontrent que ces mini-excavatrices n'entendent pas s'endormir sur leurs lauriers.
Charlotte Divet