Manitou met les gaz sur l’hydrogène vert

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Le constructeur vient de dévoiler son premier prototype de chariot télescopique équipé de piles à combustible.

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Manitou met les gaz sur l’hydrogène vert © Steve Carpentier / Le Moniteur Matériels

C’est sur son usine de production d’Ancenis que le groupe Manitou a choisi de dévoiler, il y a quelques jours, sa première machine de forte charge fonctionnant à partir d’une pile à combustible. Un lieu qui ne doit rien au hasard puisque le site abrite également l'un de ses dix centres d’essais et de R&D à travers le monde auquel l’industriel consacre chaque année un budget de 60 millions d’euros. Une partie de cette enveloppe conséquente est notamment réservée à la mise au point d’engins basse émission carbone avec un objectif à l’horizon 2030 de convertir 43 % de l’ensemble de sa flotte à des énergies plus vertes. Au cœur de cette stratégie de transition écologique se trouve déjà depuis près de cinq ans un fort investissement dans le déploiement d’une gamme électrique avec désormais sept modèles disponibles à la commercialisation.

 

Soucieux de ne pas se cantonner à une seule énergie alternative, Manitou passe désormais à la vitesse supérieure et s’intéresse désormais à l’hydrogène afin de faire cohabiter dans son parc des modèles adaptés à l’usage sur chantier. C’est dans ce contexte que le constructeur a équipé son centre d’essais d’une station à hydrogène vert afin d’alimenter sur site son chariot télescopique MT 18-40. L’engin, véritable best-seller de la marque avec ses 18 m de capacité de levage et ses 4 t de portée, possède les mêmes fonctions qu’une machine thermique. Toutefois, l’intérieur a été entièrement repensé. «Plutôt que de penser moteur à hydrogène seul, nous avons conçu ce chariot non pas en copiant un modèle thermique mais en le pensant comme une machine électrique qui fonctionne à l’hydrogène, résume Julien Waechter, vice-président R&D du groupe Manitou. Son architecture électrique est ainsi identique à celle de notre chariot MT-6-25, mais avec trois fois plus de capacité. Il était important pour nous de pouvoir dans le futur passer d’un modèle à l’autre et d’une énergie à l’autre sans remettre en cause complémentent nos chaînes d’approvisionnement de composants». Pour le développement de sa station de recharge sur son site d’Ancenis, Manitou a travaillé main dans la main avec la société Fétis pour la fourniture de la pile à combustible, Lhyfe pour le réservoir à hydrogène, et MCPhy pour le compresseur.

Un lancement commercial en 2026

L’objectif de ce partenariat est de tester en conditions réelles le chariot télescopique afin d’étudier les performances, les capacités de charge mais aussi l’autonomie de la machine. Si Manitou ne ferme pas la porte à d’autres technologies de production d’hydrogène, le choix de la pile à combustible est d’abord guidé par le souhait d’aller vers du zéro émissions complet. «Nous nous sommes associés à Lhyfe qui est un vrai producteur d’hydrogène vert contrairement à d’autres fournisseurs de systèmes de combustion qui sont émetteurs d’oxyde d’azote, poursuit Julien Waechter. Dans notre stratégie zéro émissions, cela prend tout son sens».

 

Mais le vrai défi pour Manitou consiste désormais au développement d’un écosystème complet portant sur l’approvisionnement, la recharge, l’usage et l’équation technico-économique de l’hydrogène. En clair, permettre à terme d’amener l’hydrogène sur les chantiers pour faire fonctionner ses engins. Un challenge complexe. «Le futur consistera à développer des stations mobiles qui permettent de travailler en toute sécurité directement sur site, rappelle Pierre Lombard, directeur commercial de McPhy France. Pour l’heure, ce type de station de recharge est encore soumise à la déclaration en ICPE. La réglementation porte donc aujourd’hui sur du stationnaire, mais son assouplissement évoluera forcément au fur et à mesure du déploiement de cette énergie sur le marché». Lancé sur trois ans en 2021, le programme hydrogène de Manitou comprend également l’arrivée dès 2023 d’un second prototype hydrogène sur une base de machine totalement différente. L’objectif est de commercialiser ses premiers modèles matures 100 % hydrogène à l’horizon 2026. Reste à espérer que la disponibilité de l’hydrogène notamment sur chantier sera au rendez-vous.

Steve Carpentier