Liebherr invente la première foreuse électrique autonome

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Pour tenir une journée entière de travail, la machine emporte pas moins de 4,5 tonnes de batteries. Après une série de tests et un premier chantier grandeur nature, sa commercialisation débutera au printemps prochain.

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Comme la version thermique, la LB 16 unplugged atteint des diamètres de forage de 1 500 mm à des profondeurs de 34,5 m. © Arnault Disdero
Convaincu que l'électrification des machines est aujourd'hui incontournable et représente un marché d'avenir, Liebherr s'efforce de développer des machines fonctionnant sur batteries. Ces derniers mois ont ainsi vu l'arrivée sur le marché d'un certain nombre de modèles à entraînement électrique, parmi lesquels un camion malaxeur, une pompe à béton stationnaire, des engins de manutention... Sans parler de la chargeuse sur pneus XPower avec transmission à division de puissance, du camion minier diesel-électrique et d'une pelle minière 100 % électrique.
 
Au printemps prochain, le groupe allemand lancera la commercialisation d'une machine d'un tout autre gabarit : une foreuse rotative de 55 tonnes. La première au monde à être alimentée uniquement par batteries. La LB 16 unplugged peut en effet se passer de câble d'alimentation, en tout cas pendant le travail. Cela au moyen de douze blocs de lithium-ion, représentant un poids total de... 4,5 tonnes ! Bien entendu, embarquer un tel volume a demandé de reprendre en partie la conception de la LB 16, sur laquelle est basée cette version électrique. D'où la présence, à l'arrière, de deux excroissances longilignes plutôt élégantes abritant une partie des batteries mais aussi leur système de refroidissement dédié.

Recharge en 7 heures

Côté productivité, la machine n'a rien perdu de sa puissance, au contraire : l'unplugged développe 265 kW, soit 35 de plus que la version diesel. "Nous avons voulu démontrer que le rendement est au rendez-vous, que nous pouvons même mieux faire qu'en thermique", explique Johannes Rohmberg, chef de produits forage. "Pour y parvenir, nous avons noué un partenariat avec l'industriel Kreisel, dont les batteries possèdent la meilleure densité." Capables de tenir une journée de travail complète, soit une dizaine d'heures, elles se rechargent en seulement 7 heures via une alimentation rapide (125 A). Une utilisation câblée reste possible, même si tout le but de ce concept est l'indépendance. "Ces machines sont destinées aux chantiers urbains, où les émissions polluantes et sonores sont problématiques", précise-t-il. Moins de bruit, c'est également une meilleure communication sur le chantier, gage d'un surcroit de sécurité et de confort.
 
Des arguments qui peuvent faire mouche auprès des entreprises de TP, au même titre que l'économie substantielle de gazole. Au bas mot, pendant la durée de vie des batteries de 10 000 heures, ce sont 150 000 litres de carburant économisés. Soit peu ou prou l'équivalent du prix d'achat de la machine. Et un gros bénéfice pour l'environnement, avec 350 tonnes de CO2 non relâchées dans l'atmosphère. "Nous réfléchissons également à une offre locative, où le client paierait selon sa consommation d'électricité", confie Johannes Rohmberg. Décidément, l'industriel allemand peut se montrer disruptif à plus d'un titre.

Arnault Disdero