Dans toutes les villes françaises, les travaux battent leur plein. Il y a un moment que ça dure et le phénomène ne devrait pas faiblir ces prochaines années, tant les besoins en infrastructures et nouveaux bâtiments sont grands. Evidemment, dans ce contexte les engins les plus compacts tirent leur épingle du jeu. A côté des pelles, chargeuses et autres dumpers, il ne faut pas oublier un matériel très prisé : le finisseur. Si ses ventes se portent à des niveaux record depuis dix ans, avec 200 unités vendues l'an passé (à comparer aux 137 de 2015), il le doit à ses segments "mini" et "petit". A eux deux, ils représentent désormais la moitié des achats, les grands modèles dits "d'agence" et ceux dédiés aux autoroutes connaissant une croissance plus modérée.
La période est pourtant bien au renouvellement de toutes les machines. Car le pic de ventes date de 2008, et la durée de vie des finisseurs est d'une dizaine d'années. Les directions matériel n'ont ainsi d'autre choix que de réinvestir, se portant le plus souvent sur des machines de même marque, de manière à pouvoir continuer d'utiliser les tables de pose qui les équipent, étant donné leur durée de vie plus longue et – surtout – leur coût (qui peut dépasser 120 000 euros) qu'il s'agit d'amortir. Cela ne les empêche pas de rediriger une partie de leurs achats vers des engins plus petits, correspondant au goût du jour.
Et il n'y a pas que les grandes entreprises de travaux publics qui tirent les ventes de finisseurs compacts. Les entreprises indépendantes spécialisées n'hésitent plus à s'équiper, vu le ticket d'entrée attractif des modèles "mini" et "petit" et l'ouverture à de nouveaux marchés qu'ils procurent. Même phénomène du côté de la prestation de services : l'offre des locatiers explose, d'autant que les modèles "mini" ne nécessitent qu'un seul chauffeur...
Jamais trop petits
A eux les appels d'offres pour des pistes cyclables, les parkings, les zones piétonnes ! Ces travaux, qui supposent de maintenir la largeur de base du tablier en deçà de 1,5 m, constituent un terrain de jeu propice à ces familles d'engins. Les "petit" et à plus forte raison les "mini", dotés d'une largeur de base de 1,2 m, sont tout indiqués. Ces derniers, malgré des rendements de pose légèrement moindres (de l'ordre de 300 tonnes par heure, contre plus de 350 t/h), sont capables de se faufiler dans les espaces étroits.
Dans cette course à la compacité, deux constructeurs se démarquent. Bomag vient de mettre sur le marché le BF200 qui dispose d'une largeur de table de seulement 1,10 m, un calibre qui avait disparu du marché. Cela lui permet de s'insérer dans des fouilles de 1,20 m, une largeur très courante dans les tranchées par exemple, pour appliquer les fonds de couche. Cette dimension est également intéressante pour certains types de trottoirs. Ammann, de son côté, fait encore plus petit, en inventant carrément une machine qui pourrait être qualifiée de "micro" : l'AFW 150-2. Sa largeur de travail peut être réduite à 25 cm ! Malgré ses trois roues (deux à l'arrière, une à l'avant), il s'agit bien d'un finisseur.
Les avantages du pneu
Voilà aussi ce qui différencie les modèles compacts des plus grands destinés aux routes départementales et autoroutes : le pneu. Si, pour des raisons culturelles autant que par souci de qualité, les chenilles sont presque tout le temps de rigueur sur les segments "agence" et "autoroute", les roues équipent une part toujours croissante des "petit" et, plus encore, des "mini". Et cela pour une raison très simple : les chantiers urbains sont souvent séquentiels, avec des raccords espacés et de petites tailles à réaliser. D'où l'intérêt de s'appuyer sur des machines rapides, celles sur pneus pouvant atteindre des vitesses de transfert de 16 km/h, quand les chaînes plafonnent à 5 ou 6 km/h.
Autre avantage de taille, les roues permettent de braquer plus facilement et de ne pas arracher un support encore mou. Avec de tels arguments, il est étonnant de voir que le numéro un mondial des finisseurs, Vögele, ne propose pas encore de modèles "mini" sur roues. Gageons qu'il y travaille, comme il a œuvré à l'intuitivité de ses interfaces homme-machine et à l'insonorisation de ses moteurs. Des améliorations qu'il partage avec l'ensemble des fabricants de finisseurs : les machines d'aujourd'hui sont bien plus conviviales et silencieuses que celles produites il y a encore dix ans. Vu la technicité de ces engins, il devenait urgent de les doter d'un pupitre ergonomique. Un pas de plus vers une standardisation tant souhaitée par les utilisateurs...
> Retrouvez l'intégralité du dossier dans notre numéro du 13 mars 2020, page 17.
Arnault Disdero