La déconstruction, en quête de force et de compacité

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Pinces, broyeurs et cisailles sont de plus en plus montés sur des pelles de faible tonnage. Ils doivent s’adapter pour être plus légers sans toutefois perdre en puissance.

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La déconstruction, en quête de force et de compacité © MB Crusher

Petits mais costauds : il n’y a pas que les bonbons d’une célèbre marque de confiseries qui le sont ! C’est aujourd’hui le cas des outils de démolition qui surfent sur un marché en pleine mutation structurelle et qui se doivent de répondre à des demandes multiples. Car la démolition d’hier devenue la déconstruction d’aujourd’hui exige des matériels capables de casser mais aussi de valoriser les déchets in situ. En 2021, la France a connu une année de bonne tenue notamment par rapport à des pays très bien équipés comme l’Allemagne où la mécanisation des activités de démolition est bien mieux installée. C’est notamment le cas des brise-roches dont 5 175 unités se sont vendues l’année passée dans l’Hexagone, en hausse de + 9 % par rapport à 2020. Soit un volume qui se rapproche de celui commercialisé Outre-Rhin qui est monté à 5 898 pièces.

 

Par ailleurs, le secteur des cisailles à ferraille s’est également bien tenu avec la vente de 23 unités en France l’année dernière, contre 34 en Allemagne. Même progression pour le marché des broyeurs qui a atteint les 102 unités en 2021, contre 131 chez nos voisins germaniques. Enfin, le marché de la pince de tri accuse une baisse de 30 % par rapport à 2020, il atteint péniblement en France les 973 unités. « Le marché des outils de démolition a connu un effet rattrapage en 2021, ce qui reste assez étonnant au vu de la pénurie sur les composants enregistrée l’année dernière, résume Étienne Wèbre, délégué général adjoint d’Evolis. La tendance devrait être peu ou prou identique en cette année 2022, avec une catégorie d’acteurs de taille plus modeste qui ne sont pas forcément de gros consommateurs d’outils et qui ont déjà par le passé conclu leurs investissements ».

??Repenser la cinématique pour gagner en force

??Marché de rattrapage donc pour la dizaine d’acteurs qui en France proposent une grande variété d’outils de démolition. C’est le cas de NPK, un des leaders du secteur qui détient 52 % de parts du marché sur le segment du broyeur à béton. Surfant sur ce succès, le constructeur japonais dévoilera au prochain salon de la Bauma son broyeur V 70 de 700 kg prévu pour les pelles de 7 à 12 t. Un outil qui viendra agrandir sa série V qui comprend depuis 2019 le broyeur V160 de 1,5 t destiné aux pelles de 15 à 21 t et son V250 de 2,4 t conçu pour des engins de 25 à 35 t. «Le broyeur V 70 a été pensé pour travailler exclusivement en démolition, contrairement à certains crocs à béton plus orientés sur le marché du recyclage, explique Thierry Lambert, responsable commercial de NPK France. Il est conçu pour aller sur des pelles plus petites en développant un maximum de puissance ».

 

La série V est ainsi équipée de plateaux ouverts qui permettent d’augmenter la productivité en raison de la moindre résistance des matériaux à l’intérieur des mâchoires. Sans changer la puissance, l’outil a donc plus de force et d’efficacité grâce à une cinématique repensée. Mais NPK est également présent dans la cisaille à béton et dans celle à ferraille depuis le rachat en 2019 de l’entreprise nord-américaine Genesis. Sa série SV pour le béton et notamment la SV 140 de 1,5 t a été améliorée avec l’installation de 2 vérins et de 2 power-boosters. « Le marché de la démolition veut des outils toujours plus légers sans rogner sur la puissance, note Thierry Lambert. L’essentiel de la demande porte aujourd’hui sur des pelles long reach de 35 t capables de travailler en hauteur pour couper des bétons très durs ».

La pince, un incontournable

Luc Nadaux, responsable matériel chez Premys, la filiale démolition de Colas, fait le même constat. « Le critère qui guide nos achats c’est la capacité d’une pelle un peu plus légère à monter des outils un peu plus haut. Nous ne sommes pas dans la surenchère qui est de s’équiper de pelles toujours plus grosses avec des outils de plus en plus lourds. Il faut dans notre parc matériels pouvoir répondre à tout type de chantier, ce qui augmente le nombre d’outils que l’on possède.

 

Aujourd’hui, chaque pelle que nous commandons est prise systématiquement avec une pince de tri ou une pince à blocs car elle est devenue un standard au même titre que le godet ». Connu pour son offre de tiltrotateurs, le fabricant suédois Steelwrist est aussi présent sur le marché de la démolition avec une pince qui vient en complément de ses attaches rapides. Sa gamme SG est dédiée à des pelles jusqu’à 30 t, mais le cœur de gamme demeure à ce jour la SG 40 qui se monte sur des machines de 15 à 25 t.

 

« Encore récemment quand on parlait pelle de démolition, on pensait immédiatement à des engins de 40 t au minimum, précise Nicolas Proust, directeur général de Steelwrist France. Désormais, cette activité se fait de plus avec de la pelle urbaine à rayon court de 20 à 25 t, voire parfois de la pelle de 14 t sur chenilles. Cette tendance au petit tonnage s’explique par la diversification des chantiers des clients qui acquièrent ces outils pour avoir des opérations complètes, là où hier ils sous-traitaient à un locatier ou a une autre société de démolition. Ils ont les machines et les équipent un peu plus pour garder des marchés de A à Z ». Dans ce contexte, les attaches rapides du suédois trouvent toute leur place et peuvent s’adapter sur l’ensemble des outils de démolition disponibles sur le marché. Avec actuellement une demande qui porte en grande partie sur l’adaptation des platines à du multiprocesseur ou de la pince à ferraille.

 

 

Steve Carpentier