Les résultats enregistrés par une plateforme en ligne ne peuvent évidemment pas prétendre offrir une vision exhaustive des pratiques d’achat de matériels d’occasion sur les supports digitaux. En particulier si l’on prend en considération les volumes liés aux enchères et aux cessions de vente dématérialisées organisées par des géants tels que Ritchie Bros. Pour autant, les données d’un site qui draine 1,8 million de visites et compile quelque 80 000 annonces peuvent offrir un éclairage instructif des tendances du marché français.
Sur nombre de segments d’engins, et à plus forte raison sur celui de la pelle hydraulique, ce sont les produits Caterpillar qui drainent la majorité des recherches. Un constat sans surprise puisqu’il est communément admis que les engins du fabricant américain conservent la meilleure valorisation sur le second marché. Seule exception à la règle, le créneau des chargeuses-pelleteuses où le britannique JCB profite de sa notoriété avec 31,3 % des requêtes sur cette typologie de matériel. Machine traditionnelle par excellence, le tractopelle se distingue également à un autre niveau. Alors que le marché du neuf en France ne cesse de décliner depuis plusieurs années, celui de l’occasion ne semble pas suivre la même tendance. Le « tracto » se positionne, en effet, en seconde place des demandes en compilant 11,6 % des recherches. Un constat qui pourra étonner ceux qui pensaient que la pelle sur pneus l’avait entièrement phagocyté.
Néanmoins, c’est bien les pelles hydrauliques qui attirent le plus l’attention avec 42,1 % des recherches sur un spectre couvrant également le tractopelle, la chargeuse, la grue ou encore le bouteur. Et là, pas de distorsion avec le marché du neuf. Ce sont bien les minipelles qui sont dans la lumière : 58,7 % contre 25,3 % pour leurs cousines sur chenilles d’un tonnage supérieur. Une illustration des besoins en matériels compacts pour répondre aux exigences toujours plus importantes sur les chantiers urbains. Dans le détail, le gros de la demande en excavatrices compactes se situe sur les modèles de 2 t avec, côté motorisation, des attentes de puissances comprises entre 25 et 50 ch. Et d’un point de vue économique, il semblerait qu’un plafond d’investissement existe. En effet, 80 % des visiteurs limitent leur recherche en dessous des 18 700 euros, et 25,4 % sont prêts à investir entre 10 000 et 12 500 euros.
Sur le créneau des pelles sur chenilles, on relèvera ce même effet miroir avec la vente de matériels neufs. C’est autour des 20-22 t que les professionnels concentrent leur intérêt. Une preuve que ce type de machine reste largement plébiscité. Cette fois, ce sont les puissances comprises entre 100 et 200 ch qui s’imposent avec 37,9 % des recherches. Et plus de la moitié des acheteurs se focalisent sur des excavatrices n’excédant pas les 26 250 euros ; seuls 20 % envisagent de débourser plus de 66 250 euros. Un budget qui correspond à la recherche d’une pelle plus orientée vers la production et qui explique le faible volume des demandes. La nécessité de pouvoir s’appuyer sur un service après-vente solide au travers d’un réseau de concessionnaires constitue aussi une autre explication de cet effet de seuil.
Analyser le marché de la pelle hydraulique sans prendre en considération les excavatrices sur pneus aurait été une erreur au regard du développement de ce segment. On notera ici une prédominance des demandes pour des matériels d’une douzaine de tonnes. Là encore, un plafond de dépense existe dans l’esprit d’une majorité d’acheteurs. Plus de 50 % d’entre eux recherchent des tarifs inférieurs à 21 250 euros, et ils sont 24,4 % à se situer entre 10 000 et 15 000 euros.
Cette cartographie de la demande illustre la solidité des cœurs de marché de chaque segment, en même temps qu’elle souligne l’évolution des applications sur chantier. Exception faite (encore une fois) du fameux tractopelle qui résiste encore et toujours.
Jeremy Bellanger