L’innovation au cœur du tri

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Les matériels dédiés au recyclage ne cessent de se perfectionner avec, d’un côté, les équipements incontournables et, de l’autre, des machines et des process plus inattendus. 

 

Les sites web parasites sanctionnés !
Sur un chantier de démolition à Colombes, dans les Hauts-de-Seine. © Gil Fornet

A Colombes, dans les Hauts-de-Seine, sur un vaste chantier de 44 000 m², les pelles de démolition et les broyeuses s’attèlent à la déconstruction de ce qui était auparavant un bâtiment de bureaux occupé par Thales. Christophe Jozon, président de la commission Economie circulaire de l’Unicem, tend la main en direction du bâtiment qui, 34 ans plus tôt, était inauguré en grande pompe, avant de lancer, tout sourire : « Voilà nos nouvelles carrières ! ».


La formule n’a rien d’une provocation. Même un groupe comme Eqiom, pourtant à la tête d’une cinquantaine de carrières dans le quart Nord-Est de la France, semble partager ce point de vue.

Située à proximité de Montbéliard, dans le Doubs (25), la carrière de Bart, dont il est propriétaire, produit en moyenne chaque année, entre 15 000 tonnes de granulats pour béton (0/31,5 et 0/80) et 3 500 tonnes de granulats pour enrobés routiers (0/10) recyclés.

 

Une manière de rappeler que la raréfaction des ressources naturelles inquiète tous les acteurs de la construction, carriers y compris. Si l’objectif fixé par le gouvernement sur le taux de valorisation des déchets issus de la construction a bien été atteint (70 % en 2020 sur un total de 226 Mt de déchets, source DataLab), de fortes disparités entre les différentes filières demeurent. Se pose aussi la question des coûts.

 

Economiser toutes les ressources

 

A Colombes, c'est une énorme pelle de démolition de 130 tonnes (Liebherr 974) qui s’attache à faire tomber de grandes plaques de béton, avant que ces dernières soient réduites en gravats. Des pelles séparent les métaux et autres matériaux du béton brut.

 

Autre lieu, autre choix pour le groupe KP1 qui a récemment fait l’acquisition d’une pelle Hitachi ZX225USLC-7 de la gamme Zaxis. Mobilisée pour le traitement in situ des rebuts de poutrelles, prédalles et poutres, la machine, d’un poids en ordre de marche de 28 tonnes, a été équipée d’un godet broyeur intégrant un système aimanté destiné à récupérer les aciers à nu de manière plus simple et plus rapide qu’avec un équipement classique.


Economiser les ressources naturelles ne vaut pas que pour les matériaux. L’an dernier, l’entreprise luxembourgeoise Famenne Enrobés, spécialisée dans le recyclage des enrobés, s’est équipée d’un crible classificateur à triple étage sur secteur (Keestrack C6e) associé à deux broyeurs à rotor, eux aussi entraînés par moteurs électriques. « Sa consommation  est de 27 kWh, ce qui représente 70 % d'économies d'énergie », se félicite Patrick Noiset, directeur de l’entreprise, avant de préciser qu’en se passant d’une motorisation thermique, « les contraintes et les coûts d’entretien se trouvent, elles aussi, largement réduites ». Dans le domaine du recyclage, il y a encore beaucoup à faire. Et, si, comme le rappelle Camille Neuville, Cheffe d'agence Granulats Ile-de-France / Hauts de France pour Eqiom Granulats, « la raréfaction des ressources naturelles est une réalité à laquelle nous ne pourrons répondre que par l'innovation », ce n’est pas Néolithe qui la contredira.

 

Une machine inédite


Originaire du Maine-et-Loire, cette jeune entreprise a inventé un matériel aussi original qu’inédit pour redonner une seconde vie aux refus de tri, autrement dit aux déchets industriels banals (DIB) non recyclables.

 

Baptisée « fossilisateur », cette machine, d’une capacité maximale de traitement de 20 t/j, offre aux propriétaires et aux gestionnaires de plateformes de tri ainsi qu’aux entreprises de BTP et aux carriers la possibilité de transformer leur refus en granulats minéraux (également appelés Anthropocite) réutilisables sur des chantiers, notamment dans les sous-couches routières et le béton. «  Si dans le secteur de la construction, beaucoup d’entreprises possèdent déjà leurs propres chaînes de recyclage, ce que nous leurs proposons aujourd’hui, c’est de trier leur dernière fraction de DIB qu’ils envoient généralement vers des centres d’enfouissement et/ou d’incinération », explique Nicolas Cruaud, président de la start-up.

 


Bien que plus classiques, les plateformes de recyclage, qu’elles soient fixes ou mobiles, restent sans doute l’une des pièces maîtresses de l’économie circulaire dans la construction. Spécialisée dans la démolition et le recyclage, Grapinet TP, dont le siège se trouve a Villeurbanne, en apporte la preuve avec efficacité en matière d’organisation puisqu’en plus d’une plateforme fixe en bordure de la rocade lyonnaise, l’entreprise dispose aussi d’une flotte mobile en proche banlieue. Sur le premier réside à demeure un concasseur Powerscreen XH250, alimenté par une pelle Hyundai de 50 tonnes et une chargeuse Caterpillar 962H. Mais des travaux en prestation sont également possibles. Dans ce cas, c'est un concasseur Sandvik QJ340, une pelle Komatsu PC240 et une chargeuse Caterpillar 950H qui sont envoyés sur chantier. « Avoir un atelier mobile en propre nous permet de mener des actions ponctuelles, parfois dans l'urgence. Et les marchés à action rapide ne manquent pas par ici. », fait remarquer Laurent Grapinet, à la tête de l’entreprise éponyme.
 

 

Hakim Bendaoud