Kobelco veut récolter les dividendes de la spécialisation

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Figure de proue des pelles de démolition du fabricant japonais, la 1300DLC témoigne de la position de leader du constructeur, seul industriel à proposer une telle machine en standard d'usine.

 

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Kobelco veut récolter les dividendes de la spécialisation © Kobelco

Elle trônait là, en plein milieu du stand Kobelco à ­Munich. Elle, c'est la pelle de démolition 1300DLC du constructeur nippon, récemment récompensé par le Prix de l'innovation au World Demolition Summit 2022. Un engin qui se dévoilait pour la première fois dans un grand salon international, mais qui avait déjà su trouver sa place sur les chantiers depuis plusieurs mois.

Mais alors pourquoi mettre à l'honneur un modèle récent lors d'une foire où les exposants misent habituellement sur l'effet d'annonce, le fameux « big reveal », pour doper leur communication ? Probablement parce que, au travers de cette machine, Kobelco exprime toutes les facettes d'une stratégie basée sur l'ingénierie et l'organisation industrielle mises au service d'une expertise métier.

Un marché de niche synonyme d'opportunités

Mieux vaut être le premier quelque part que le second partout, aurait pu dire l'économiste britannique David Ricardo à l'heure de soutenir sa théorie sur les avantages comparatifs au début du XIXe siècle. Se positionner en leader mondial des matériels de démolition pour mieux se différencier et en tirer profit, c'est bien ce que fait Kobelco. Cette empreinte, additionnée à celle de son marché domestique, lui assure un volume potentiel de ventes qui justifie économiquement le maintien d'une production dédiée en usine, là où ses concurrents passent par des adaptateurs spécialisés. « Kobelco est le seul fabricant capable de proposer de tels engins de démolition en standard d'usine », confirme Jean-Philippe Delion, senior business manager du Japonais en Europe, qui a déjà vendu sur le Vieux Continent trois unités de la 1300 en 2022 et espère atteindre le cap des six l'année prochaine. Preuve que l'on est bien dans une niche, ces projections commerciales correspondent à une belle dynamique de marché.

 

En effet, partout, il va falloir déconstruire les anciennes installations industrielles, depuis les usines jusqu'aux centrales nucléaires, en passant par les fleurons vieillissants de la pétrochimie. Remodeler les équipements du secteur secondaire réclamera des bêtes telles que cette 1300, capable d'emporter des cisailles de 10 t à 24 m ou de travailler en négatif avec des outils de 12 t, afin d'intervenir dans les sous-sols ou sur les fondations. Le besoin existe et il nécessitera d'étoffer la gamme, selon Jean-Philippe Delion. Loin d'être isolée, la 1300 est en réalité la figure de proue d'une gamme qui s'enrichira encore dans les six ans à venir. « Nous allons compléter la gamme par le haut et par le bas. D'une offre allant de 35 à 130 t aujourd'hui, nous allons passer de 10 à 350 t », promet même le dirigeant.

 

De quoi asseoir encore un peu plus son expertise et s'ouvrir des perspectives sur d'autres gammes de matériels. Car évidemment, l'ambition de Kobelco ne se limite pas aux seuls engins de démolition. Sa conviction ? L'utilisateur séduit par une machine implantée au cœur de son process n'hésitera pas à maintenir sa confiance au même faiseur pour compléter son parc. Preuve que l'industriel ne néglige pas les marchés de volume, son usine d'Ogaki (Japon) sort déjà chaque année 8 500 pelles de 0 à 5 t et accueillera une nouvelle ligne dédiée aux 8/10 t en 2023, pour atteindre un total de 11 500. Son implantation d'Hiroshima (Japon) s'occupe, elle, des 8 à 50 t et se réorganise pour augmenter sa production de 13 à 50 t de 2000 unités annuelles pour porter sa production sur ce créneau à 10 500 par an. Et pour s'assurer un maximum d'autonomie et de disponibilité des composants en ces temps incertains, le constructeur a joué la carte de l'intégration et peut compter sur l'expertise du groupe dans la sidérurgie.

 

Jeremy Bellanger