Cohérent
« Dès mon plus jeune âge, mon souhait a toujours été d’apprendre un métier », se souvient-il. Encore faut-il être capable de mettre cette aspiration en adéquation avec une formation cohérente. Déjà contaminé par le virus de la mécanique, c’est assez naturellement qu'il s’est tourné vers un BEP maintenance de systèmes mécaniques automatisés, avant de passer un bac pro maintenance des équipements industriels. C’est à cette période que Jordan Tourlet frappe à la porte du bureau du directeur matériel d’Eiffage, Jean-Michel Bordes. Une rencontre charnière puisque, ensuite, les stages ne cesseront de s’enchaîner. « J’ai signé mon premier CDI dès la fin de mes études, le 1er septembre 2009. » Une date toujours gravée dans sa mémoire.
Passionné
« Je n’ai pas choisi la maintenance des grues par dépit », précise-t-il en préambule. Ceux qui persistent à caricaturer les filières professionnelles comme autant de voies de garage en seront donc pour leur frais. « Je me suis toujours intéressé à la mécanique et à l’électrique. On peut même dire que c’est vraiment mon truc », détaille avec conviction ce responsable de 30 ans récemment promu. Aujourd’hui à la tête d’une équipe de 15 personnes, il assure la qualité, le rythme de maintenance et la disponibilité des grues du groupe. Une pression, mais surtout un plaisir, à en croire l’intéressé. « La grue, stratégique pour un chantier, reste un matériel assez méconnu alors qu’elle se situe au croisement de disciplines passionnantes : l’électricité, la mécanique, ou encore l’automatisme. »
Déterminé
« Au sortir de mon BEP, le stage qui m'était proposé se résumait à remplir des cartons, se rappelle-t-il. J’ai alors repéré l’atelier Eiffage Construction à seulement 7 km de chez moi. Je m’y suis rendu directement, et ils m’ont pris. » Résolu à intégrer les équipes de maintenance/réparation, il va jusqu’à travailler pendant ses vacances scolaires au travers de contrats d’intérim. Enfin embauché, il s’engage en qualité de technicien itinérant. Pendant neuf ans, il sillonnera les chantiers où il sera en contact direct avec les chargés d’exploitation. « évidemment, c’est une vie contraignante : l’éloignement, la route, les conditions climatiques sur chantier… Pourtant, je ne regrette pas cette période qui m’a permis d’appréhender les attentes du terrain, de voyager, de progresser dans mon relationnel et de découvrir le management en tant que formateur. »
Exigeant
« Il faut être conscient des besoins du terrain et des attentes de tous sur le chantier », assure-t-il. S’il ne nie pas une certaine pression, ce niveau d’attente semble davantage le motiver. « J’aime le travail bien fait. Parvenir à proposer un matériel parfaitement préparé, c’est à la fois gratifiant pour nous, déterminant pour nos collègues sur chantier et capital pour l’image de notre société. » Pour lui, pas de doute, les métiers de la grue sont valorisants parce qu’ils réclament du courage et un haut niveau d’engagement. Une chose est certaine, ils ne s’adressent pas à ceux qui se satisfont de l’approximation.
Collaboratif
D’un naturel assez renfermé à ses débuts, il s’est ouvert progressivement. « Lorsque vous arrivez pour expliquer qu’il faut arrêter une grue, même temporairement, c’est peu dire qu’il faut savoir faire preuve de pédagogie. On parle là du cœur de la productivité d’un chantier », résume-t-il. Le jeune chef d'atelier a également su faire fructifier cette capacité à communiquer en formant plusieurs techniciens : « J’ai prouvé et je me suis prouvé que je pouvais être un bon formateur », commente-t-il avec fierté. Aujourd’hui responsable, il aborde ses nouvelles fonctions avec pragmatisme. « Notre travail à l’atelier, c’est de sortir les matériels en temps et en heure pour assurer la disponibilité. Pour y parvenir, mon rôle consiste à motiver et à coordonner les équipes. Il faut savoir favoriser l’entraide et récompenser l’engagement. »
Jeremy Bellanger