Le technicentre de Saint-Pierre-des-Corps, en Touraine (37), est un nœud ferroviaire stratégique. Rien de surprenant donc à ce que le Mecateamcluster, réseau dédié à la maintenance des engins de travaux ferroviaires, y élise domicile pour sa nouvelle antenne en région Centre-Val de Loire. Et, afin d’inaugurer cette présence ligérienne, l’association a organisé son premier événement le 29 juin dernier à Tours. Une invitation lancée aux adhérents afin d’échanger et de présenter les grands axes d’innovation de la filière.
Avec en premier lieu, un point sur les évolutions réglementaires à venir dont une focale sur la nouvelle norme pour les engins rail route « Agrément de travail ». « Risque électrique, heurts piétons, collisions entre engins… il était temps de faire un point sur les normes ! En 2023, nous mettons à jour la norme MT1332 de SNCF réseau en y intégrant la norme européenne EN15746-1 qui a fixé d’autres règles d’équipements pour les engins rail-route », a notamment annoncé Kinda Im Saroeun, chef du département engins et outillage au sein de la direction maintenance et travaux de SNCF Réseau annonce Kinda Im Saroeun. « Cette révision permettra d’exiger un niveau de sécurité supérieur sur les chantiers ferroviaires sur des points précis tels que la vitesse de déplacement des matériels, la détection d’obstacles, le levage, etc. ». Une refonte d’envergure est donc lancée, incluant un projet de cahier des charges « anti-collision ». SNCF réseau souhaite ainsi « aller vers une prise de conscience terrain sur l’utilisation des engins rails route (…) et revenir sur l’organisation des chantiers avec une analyse du risque en amont ».
Changement de voie
Car si les systèmes de détection se font nombreux pour prévenir les risques de collision, reste la question de leur adaptation aux chantiers et leur adoption par les opérateurs, des habitudes qu’il faut changer et qui évolueront sûrement aussi avec l’arrivée de la nouvelle génération. Le facteur humain est d’ailleurs l’un des points clé relevé par l’étude CONVERT (Compétences opérationnelles nouvelles pour valoriser les entreprises du Rail et du Transport) mené par le cabinet Valouy Conseil, pour le compte de l’État dans le cadre du programme France 2030. Jean-Jacques Enrich en a fait une première restitution lors de cette journée et le constat est sans appel : « La filière doit faire face à des recrutements en tension auxquels vont s’ajouter les départs massifs à la retraite dû au papyboom. On va donc entrer dans des économies vieillissantes avec le manque de main d’œuvre que cela induit. Une main d’œuvre qu’il faut former dans un secteur qui manque d’attractivité. »
Un changement de paradigme donc auquel la filière, « de niche mais à haute valeur ajoutée », doit rapidement s’adapter « pour se démarquer et relever tous ses défis d’avenir », selon Jean-Jacques Enrich. Elle entend donc miser sur des matériels plus efficients capables de s’affranchir du manque de main d’œuvre grâce à la technologie et des parcours de formation qui répondent aux besoins et aux attentes des nouvelles générations.
Elodie Cerqueira