Comment les nouveaux enjeux autour du numérique impactent-ils les entreprises de construction ?
Xavier Neuschwander : Toutes les entreprises développent des réflexions sur le numérique, et son impact est considérable. Il s’étend de la numérisation des documents à la gestion des chantiers à l’aide d’outils BIM en passant par l’exploitation des matériels. À court terme, cela facilitera les progrès de productivité en matière de construction et de maintenance des infrastructures.
Quels sont les outils numériques exploitables ?
X. N. : Le BIM est à mon sens la première brique du numérique dans les entreprises de construction. Il fait maintenant l’objet d’une norme, il commence déjà à être employé et sera rapidement le langage commun. Il est d’ores et déjà possible de percevoir des gains de rendement et de qualité de réalisation, et les professionnels savent que les marges de progression sont considérables. Je suis persuadé que, demain, tous les projets, grands et petits, utiliseront ces outils. Les objets connectés forment la deuxième famille d’outils numériques exploitables par les entreprises de TP. Ils sont en mesure de détecter des pointes d’effort ou de vibration et aident à la maintenance prédictive des pièces sensibles d’engins très sollicités. Ce qui a pour effet d’éviter les pannes, d’augmenter le taux de service et de maîtriser les délais. D’autres optimisent les opérations délicates avec certaines machines… Enfin, le sujet le plus attendu est celui de l’intelligence artificielle. Son principal bénéfice est d’aider les conducteurs, car elle est très efficace et très réactive en accompagnement des process connus et courants.
Comment le salon INTERMAT peut-il aider les entreprises dans cette transition ?
X. N. : Les constructeurs d’équipements ne pourront pas mener seuls cette transition ; ils auront aussi besoin des entreprises de travaux publics. De ce fait, le salon est un moment indispensable d’information et d’échanges. Surtout, cette transformation numérique doit permettre aux hommes d’en tirer le meilleur parti. Constructeurs et entreprises doivent pouvoir se rencontrer, confronter leurs idées et échanger pour concevoir les matériels, définir les formations des conducteurs… On en sort tous plus riches que lorsqu’on y est entrés.
Quelles technologies et innovations souhaiteriez-vous trouver lors de la prochaine édition ?
X. N. : Comme je l’ai déjà évoqué, l’intelligence artificielle, les objets connectés et l’automatisation de conduite des engins. J’attends aussi de voir les développements dans le domaine de la robotisation d’opérations. Par ailleurs, je pense que les exposants poursuivront la présentation d’innovations en matière environnementale, qu’il s’agisse de l’amélioration des consommations d’énergie ou du développement de nouvelles énergies. Thermique à faibles émissions de polluants, hybride, électrique… Je ne pense pas que nous assisterons à une substitution énergétique, mais plutôt que chaque énergie puisse être optimisée et exploitée de manière optimale selon les usages. Il est très important de suivre ces évolutions. Et gardons à l’esprit que l’innovation de rupture survient parfois d’où on ne l’attend pas…
La FNTP est partenaire du concours des INTERMAT Innovation Awards. En quoi cet événement est-il important pour le secteur ?
X. N. : Contrairement à l’image largement partagée, le secteur de la construction a toujours été très innovant afin de proposer une offre économique correspondant aux attentes sociétales. Le concours est un moment privilégié pour mettre un coup de projecteur sur les professionnels et leur travail. INTERMAT fait ainsi la démonstration des savoir-faire, et la médiatisation de l’événement a pour intérêt de faire découvrir ces tendances techniques de fond sur tous les marchés, notamment à l’international.
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Président de la commission « Technique et Innovation » de la FNTP depuis 15 ans, Xavier Neuschwander s’est donné pour mission de développer l’innovation en construction dans les travaux publics. Il oriente son action vers l’amélioration des normes et de la réglementation en faveur du progrès technique dans ce secteur d’activité. Directeur général d’Eurovia Europe, Rail et Spécialités depuis cinq ans, il a précédemment, et durant 37 ans, développé une carrière au sein de l’entreprise Vinci. Xavier Neuschwander est diplômé de l’École Polytechnique-École des Ponts et Chaussées.