Bergerat Monnoyeur : « le digital nous permet d’être encore plus proches de nos clients »

| Interview |

Jean-Marie Basset, directeur général du groupe, livre son analyse d’un marché en pleine mutation où digitalisation et économie de l’usage gagnent chaque jour du terrain.

 

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Jean-Marie Basset, directeur général de Bergerat Monnoyeur. Crédit : Bruno Lévy / Le Moniteur Matériels

Comment qualifieriez-vous le premier semestre de l’année 2021 ?

Jean-Marie Basset : Je dirais surprenant, mais dans le bon sens du terme. Alors que nos clients se montraient plutôt pessimistes, du fait, notamment, des retards accumulés sur les chantiers et du bas niveau d’appels d’offres, les six premiers mois ont finalement offert un tout autre visage que celui attendu. Nous n’avons pas connu le trou d’air de début d’année que craignait toute la profession. Mieux, la période a été marquée par un réel dynamisme dans les prises de commandes, dans nos activités de service après-vente et de location de matériels.

Parvenez-vous à répondre à la demande, malgré les difficultés mondiales d’approvisionnement en composants ?

Jean-Marie Basset : Un carnet n’est jamais trop rempli ! Néanmoins, Caterpillar doit faire face à une tension qui concerne un large éventail de composants. Globalement, tout le monde est confronté à ce phénomène consécutif à la désorganisation des industries et des chaînes logistiques en 2020 à laquelle succède désormais une forte reprise au niveau mondial. Nos clients sont bien conscients de cette conjoncture et s’y adaptent en anticipant davantage leurs commandes.

Parmi les activités porteuses, vous citiez la location. S’agit-il d’une dynamique conjoncturelle ou d’une tendance de fond ?

Jean-Marie Basset : C’est clairement structurel. Notre marché est en train de muter vers une économie de l’usage. De plus en plus, l’utilisateur veut exploiter les machines, sans avoir à en assumer la gestion. C’est la promesse de notre filiale BM Rent, dont le parc se compose d’environ 1 400 machines de plus de 20 tonnes réparties entre la France et la Belgique. Aujourd’hui, ce canal représente plus du quart des engins que distribue Bergerat Monnoyeur. C’est supérieur aux objectifs que nous nous étions fixés en 2022 ou 2023, à l’époque où nous lancions cette aventure locative. Personnellement, j’y vois la confirmation d’un modèle et l’intérêt croissant de grands groupes tels que Colas me conforte dans cette analyse. Il faut avoir à l’esprit qu'aujourd’hui, certaines entreprises vont jusqu’à décider de ne plus posséder de machines et de nous transmettre la gestion de la totalité de leur flotte. Charge à nous d’assurer la disponibilité, l’efficacité…

Qu'est ce qui explique cette appétence grandissante des utilisateurs pour la location?

Jean-Marie Basset : Les entreprises de travaux sont accaparées par des enjeux autres que la gestion de flotte et davantage liés à leur cœur de métier. En outre, elles font face à la raréfaction de certaines compétences, dont celles de « techniciens ». Ce sont des profils difficiles à trouver et à former, étant donné le rythme des évolutions technologiques des matériels. Dès lors, la capacité à recruter, à former et à fidéliser devient déterminante. Nous nous y attelons avec un certain succès puisque l’année dernière nous avons recruté 165 techniciens. Autant que l’année précédente, malgré la crise sanitaire.

 

" En ce mois de septembre, nous lançons également une nouvelle manière d'interagir au travers des diagnostics à distance. "

 

Comment s’articule l’activité de BM Rent avec celle de distributeur de la marque Caterpillar de Bergerat Monnoyeur ?

Jean-Marie Basset : Pour réussir, BM Rent doit pouvoir compter sur un Bergerat Monnoyeur extrêmement fort. Car, bien sûr, ce sont essentiellement les machines Caterpillar qui composent les flottes de notre filiale location [NDLR, Bergerat Monnoyeur est également distributeur Sandvik]. C’est un challenge extrêmement stimulant pour nous que de maintenir et entretenir des engins dans le cadre d’une obligation de résultat.

Une autre attente des entreprises porte sur la digitalisation. Quelle politique déployez-vous en la matière ?

Jean-Marie Basset : Ce qui constituait hier une attente plus présente chez les grands groupes se généralise désormais à l’ensemble des entreprises, sans distinction de taille. Grâce à la connectivité croissante des machines, nous fournissons à nos clients des données d’utilisation et de localisation, la remontée des alertes… Nous leur proposons également des services complémentaires via les équipes d’experts Bergerat Monnoyeur et des partenaires comme Arkance. L’autre volet de notre stratégie numérique porte sur la digitalisation de nos opérations. Nous y avons beaucoup investi ces dernières années et nos efforts en la matière vont véritablement devenir tangibles pour nos clients en 2021.

Quel gain concret va tirer l’utilisateur de cette révolution numérique ?

Jean-Marie Basset : De manière un peu contre-intuitive, le digital doit nous permettre d’être encore plus proches de nos clients. Suivant cette logique, nous avons mis à leur disposition un portail Bergerat Monnoyeur, complémentaire du portail client Caterpillar, qui agrège de manière simple, accessible et lisible énormément d’informations relatives à nos relations : suivi des demandes d’interventions, VGP, factures… Ce portail va continuer de s’enrichir. En ce mois de septembre, nous lançons également une nouvelle manière d’interagir au travers des diagnostics à distance. Nous combinons les dernières technologies Caterpillar d’intervention à distance avec la possibilité d’effectuer des appels vidéo entre nos clients et nos experts techniques.

Difficile également d’évoquer les mutations en cours sans parler de la nécessaire réduction des émissions de CO2…

Jean-Marie Basset : Nous sommes en train de dessiner la trajectoire qui nous permettra d’atteindre les objectifs de la Cop 21. Notre directrice RSE, Anne-Laure Denis, finalise actuellement cette feuille de route que nous aurons à cœur de décliner au sein de chaque entité composant le groupe Monnoyeur. Dans tous les cas, nous voulons à la fois réduire notre empreinte carbone et aider nos clients dans la décarbonation de leurs opérations. Cette double ambition nous amène, par exemple, à tester des solutions d’écoconduite pour baisser la consommation de nos véhicules, mais aussi à optimiser la consommation des machines sur les chantiers, à accompagner les utilisateurs dans l’emploi des biocarburants ou dans le rebuild des machines… L’éventail est large et requiert des savoir-faire très différents.

 

Jeremy Bellanger