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Axel, le rover de Webuild au service du chantier de la liaison ferroviaire Lyon-Turin

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Le constructeur italien a mis au point un robot intelligent pour mener les phases exploratoires du chantier à la place des traditionnelles équipes d’ouvriers.

 

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Axel, le robot d'exploration de WeBuild sur le chantier du Lyon-Turin. © Olivier Tosseri / Le Moniteur

La température dépasse les 35 degrés et le taux d’humidité frise les 95%. Nous ne sommes pas sous les Tropiques mais pratiquement sous les Alpes, sur le chantier de Chiomonte. Il fait partie des ouvrages de la section transfrontalière de la future ligne de train à grande vitesse Lyon-Turin et s’étend de Saint-Jean-de-Maurienne à Suse-Bussoleno.

C’est ici qu’a été réalisé le percement de la galerie de la Maddalane, une galerie de reconnaissance dans le cadre d’une variante du projet, qui prévoit le creusement du tunnel de base de 57,5 kilomètres à partir de Chiomonte au lieu de Suse. Il s’est révélé nécessaire d’adapter la galerie afin de permettre le passage des véhicules et des équipements de chantier. 22 niches de retournement seront réalisées.

TELT, la société franco-italienne créée en 2015 et chargée de la construction puis de la gestion de la liaison ferroviaire s’est engagée à garantir des standards de sécurité élevés aussi bien pour les riverains du chantier que pour ceux qui y travaillent. Au plus fort des activités, les chantiers compteront 4000 emplois directs et autant d’indirects. Actuellement, près de 1000 personnes sont mobilisées pour la construction de l’infrastructure… et un robot.

Voyage au centre de la terre

Le constructeur italien Webuild, en charge des travaux avec le français Vinci, a ainsi confié à la société turinoise + Cim 4.0 l’élaboration et la conception d’un robot téléguidé qui permet de remplacer les traditionnelles équipes humaines au cours de la phase exploratrice du chantier. C’est la première fois en Italie qu’elle sera entièrement automatisée.

Le robot a été baptisé Axel en référence au narrateur du roman de Jules Vernes « Voyage au centre de la terre ». Sa mission sera de recueillir en temps réel le plus d’informations possibles concernant les conditions géologiques et atmosphériques du tunnel : la température, l’humidité, l’état des parois, les risques potentiels d’éboulement ou la présence de gaz toxiques.

« Nous l’avons réalisé en un temps record de 4 mois, se félicite Enrico Pisino, CEO de +CIM 4.0. Nous avons au préalable passé en revue ce qui existait déjà mais nous avons dû créer un rover unique en adaptant des technologies utilisées habituellement par d’autres secteurs comme ceux de l’automobile et de l’aérospatial. »

 

 

Si l’inspiration est celle de l’astromobile de la NASA Perseverance envoyé sur le sol martien pour étudier sa surface et collecter des échantillons du sol, Axel ressemble finalement plus à un tracteur miniature.

D’une largeur d’1,6 m et doté de roues d’un diamètre de 60 cm, il est entièrement électrique et dispose d’une autonomie supérieure à 10 kilomètres. Il franchit sans difficultés les dénivelés supérieurs à 60%, les traverses de 20 centimètres et les gués jusqu’à 30 cm de profondeur. Ni l’eau, ni une température jusqu’à 45 degrés pas plus qu’une humidité relative de 80% n’entravent son bon fonctionnement.

 

Téléguidé, Axel a pour mission de recueillir en temps réel des informations sur les conditions géologiques et atmosphériques du tunnel.

 

« Un tel outil avec ces performances à notre disposition est la preuve que nous sommes en train de dépasser le mythe du secteur des constructions qui néglige les nouvelles technologies, se réjouit Giampiero Astuti, responsable du programme innovation de Webuild. C’était peut-être vrai mais ça a profondément changé. Tout comme l’attention que nous portons désormais à l’impact environnemental de nos chantiers et à la sécurité des personnes qui y travaillent. Nous ne sommes pas aller chercher cette solution innovante en Asie ou aux Etats-Unis mais en Italie et elle pourra être potentiellement utilisée prochainement sur d’autres chantiers. ».

Fin du chantier en 2030

En attendant, celui du train à grande vitesse Lyon-Turin devrait s’achever en 2030. 30 km ont pour l’instant été creusés, soit plus de 18% des 162 km de tunnel prévus pour l’ouvrage. Un chantier complexe composé de deux tunnels parallèles, 4 descenderies et 204 rameaux de sécurité.

Les 4 descenderies constituent des accès pour les engins de chantier et, à plein régime, 15 fronts d’excavation et 7 tunneliers avanceront simultanément pour le percement des deux tubes de 57,5 km chacun du tunnel de base.

Le coût de la section transfrontalière est évalué à 8,6 milliards d’euros. TELT s’est engagée à respecter le budget et contrôle son avancement de manière régulière en interne. L’ouvrage est financé à 40% par l’UE, 35% par l’Italie, 25% par la France. Aujourd’hui environ 6,6 milliards d’euros ont été engagés dans l’ouvrage.

Une fois achevé, il permettra aux trains de fret et de voyageurs de traverser les Alpes à hauteur de plaine délestant les routes alpines d’1 million de poids lourds et réduisant chaque année les émissions de gaz à effet de serre d’environ 3 millions de tonnes d’équivalent C02.

 

Olivier Tosseri