A Massy, une grue géante pour des ponts centenaires du RER

| Chantier |

Les équipes de Sarens sont en train de monter la grue géante qui remplacera le pont de Chartres, sur la ligne B, et le pont de Gallardon, sur la ligne C, de 640 tonnes chacun.

Les sites web parasites sanctionnés !
La flèche de la grue SGC90 est assemblée au sol avant d'être relevée. A l'arrière-plan, les nouveaux ponts. © SF

On l’appelle Little Celeste mais elle n’a vraiment rien de petit ! La grue SGC90 de Sarens, surnommée d’après la fille de l’un des membres du groupe familial belge spécialisé dans le levage lourd, prend lentement forme à Massy (Essonne)le long des voies des RER B et C. C’est elle qui, à l’été, déposera deux ponts ferroviaires et mettra en place les infrastructures de remplacement.

Remplacement nécessaire

Le pont de Chartres, sur la ligne B, et le pont de Gallardon, sur la ligne C, sont tous deux centenaires et leurs 640 tonnes de métal (chacun) souffrent de la corrosion et de désordres dans les piles. Les réparations ne suffisent plus et leurs exploitants, RATP pour l’un et SNCF pour l’autre, ont décidé de les remplacer. « Il fallait également prévoir l’arrivée des trains à double niveau sur la ligne B », ajoute Nathalie Boeglin, cheffe de projet chez RATP Infrastructures.

Emprise limitée

A la manœuvre, donc, Little Celeste. Cette grue électrique affiche une capacité de levage de 1 650 t à 60 m et sa flèche atteindra 100 m de haut. Ses composants ont été acheminés par bateau depuis l’Indonésie jusqu’à Rouen, avant d’être transportés à Massy, une opération qui a nécessité pas moins de 200 camions. « Ce type de grue sert habituellement sur des chantiers à l’emprise vaste comme des centrales nucléaires ou des raffineries, relève David Schammé, pilote d’opération pour SNCF Réseau. Ici, en centre-ville de Massy, la marge de manœuvre est extrêmement limitée. »

Deux grues pour une troisième

Le chantier est en effet coincé sur une étroite bande de terrain entre les voies ferrées et une avenue, où les automobilistes se dévissent la tête pour observer le monstre en cours d’assemblage. Pour construire la SGC90, il a d’abord fallu monter une première grue, la LR1200, dont la flèche atteint 47 m. Celle-ci a permis d’en édifier une deuxième, la CC2800 (90 m), les deux unissant ensuite leurs forces pour assembler Little Celeste.

Fondations spécifiques

Mais avant cela, il a fallu préparer le sol à recevoir le colossal engin et ses 4 500 t. Les opérations, réalisées par Demathieu Bard, ont commencé par la mise en place de 64 pieux sur 25 à 30 m de profondeur, afin de supporter une dalle de béton armé de 35 m de diamètre. Celle-ci accueille un rail circulaire qui permettra à la grue de changer de direction. Viennent ensuite les quatre bogies de l’engin, son platelage et 2000 t de contrepoids.

Interruptions de circulation

Les ponts actuels seront déposés en juillet et la mise en place de leurs successeurs aura lieu en août, nécessitant cinq à six semaines d’interruption de la circulation sur les deux lignes de RER ainsi que deux coupures de 54 h sur la LGV Atlantique. Les nouvelles infrastructures, fabriquées par Berthold, attendent leur heure de l’autre côté de la route. Le pont de Chartres mesure 86 m et pèse 1 375 t, hors voies, tandis que celui de Gallardon s’étire sur 57 m et pèse 950 t.

Opération replanifiée

Ce chantier, entamé en octobre 2020 sous co-maîtrise d’ouvrage SNCF et RATP, a été endeuillé lorsqu’un ingénieur SNCF s’est trouvé enseveli par un affaissement de terrain à l’été 2021. Les travaux ont été stoppés et les opérations replanifiées, aboutissant à reporter d’un an la dépose et la pose des nouveaux ponts. L’enquête sur les causes de l’accident est toujours en cours.

 

 

Stéphanie Frank